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Libération
Critique

«Le Retour» avec père et fracas

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Lion d'or à Venise, un premier long métrage ahurissant du Russe Andreï Zviaguintsev.
publié le 26 novembre 2003 à 2h03

Andreï Zviaguintsev ne doit pas regretter son voyage vénitien : à quelques nuits de la clôture du Festival 2003, il en est subitement devenu la coqueluche, et a raflé, pour le Retour, son premier film, le lion d'or à la barbe des favoris. Pas mal pour quelqu'un qui, jusque-là, avait passé les années 80 à faire l'acteur pour d'obscures troupes de théâtre sibériennes avant de tourner pubs et téléfilms aux frais d'une jeune télé moscovite (lire interview). Voilà donc un type encore tout éberlué d'avoir reçu la récompense suprême quand, il y a quelques années, il trouvait normal de faire la manche et n'avait jamais songé au cinéma : en fait, il ne se reconnaissait qu'un don d'imitateur de saxo. Puis, un jour, il s'est pris dans la gueule l'Avventura d'Antonioni et en a gardé le goût des fictions insulaires en plus d'un désir irrépressible de faire du cinéma.

Au moment de la sortie française, voici venue l'heure éternelle des soupçons. Or, n'en déplaise aux scrogneugneux commis d'office, le Retour a quelque chose d'envoûtant. Ce film n'exige qu'une seule séquence pour nous lier à ses personnages, nous plonger dans le gouffre de leur hypersensibilité. Six plans pour sceller un pacte aussi fort, ça s'appelle réussir son coup. Peu importe si, après, l'image apparaît trop filtrée (elle l'est), si la musique Ushuaïa dégueule de mauvais goût (elle dégueule) ou si les paysages ont systématiquement tendance à pencher (non parce que la terre est ronde mais parce qu'elle est esthétique quan