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Libération

Le «revival» posthume d'Elio Petri

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Engouement américain pour le cinéaste italien engagé, mort il y a vingt ans.
publié le 26 novembre 2003 à 2h03

Los Angeles correspondance

Il est quelque peu sidérant de voir la salle de cinéma du L.A. County Museum quasiment pleine durant plusieurs week-ends d'affilée, et ses spectateurs exulter à une rétrospective Elio Petri, un cinéaste italien mort il y a vingt ans. On ne peut trouver l'explication que dans le désespoir et le désarroi politiques dans lesquels sont plongés les Américains «pensants» d'aujourd'hui. Et la ressortie commerciale aux Etats-Unis d'Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon ne peut manquer de faire songer aux Dick Cheney, Ken Lay, Karl Rowe, Donald Rumsfeld, Paul Wolfowitz et autres fous de pouvoir autour de Bush junior : jamais film n'a décortiqué avec autant d'insolence la structure mentale et psychologique des puissants qui nous gouvernent. Ce portrait de policier émérite muté chef des services secrets, se croyant tout permis, même le meurtre, mais qui ne désire rien tant que d'en être puni, prend une résonance intensément contemporaine. Le film collait de si près à l'actualité répressive que connaissait l'Italie en 1970 qu'il faillit y être interdit. Six mois plus tard, il remportait à Hollywood l'oscar du meilleur film étranger ; encore trente-trois ans, et il ressort dans un contexte toujours plus pourri : sa vérité éclate alors aux yeux des campus de Los Angeles.

Cohérence. C'est la seule oeuvre de Petri connue en Amérique, avec peut-être, dans le domaine de la science-fiction pop, la cultissime Dixième Victime. Mais ce Modesty Blaise pour intel