Paradis tropical ou enfer abyssal ? D'entrée de jeu, la félicité d'une famille de poissons-clowns folâtrant entre les colonnes tentaculaires d'une anémone de mer est engloutie dans la bedaine d'un barracuda, redoutable prédateur. Ça commence donc un peu comme Bambi et nous retrouvons Nemo et son géniteur, seuls rescapés du massacre, sur le chemin de l'école. Le papa-poule, veuf angoissé, couve son fiston trop pressé de prendre le large.
Quand l'imprudent lardon est fourré dans une épuisette, capturé par un amateur de plongée et de poissons multicolores, son paternel est prêt à affronter tous les dangers pour le retrouver, par-delà la grande barrière de corail. Jusque dans le port de Sydney au-dessus duquel Nemo tourne en rond dans l'aquarium high-tech d'un cabinet dentaire. On appréciera à divers niveaux les parcours parallèles du papa (frayant avec Dory la dingue, coursé par des requins culpabilisés ou séjournant dans le ventre d'une baleine) et de Nemo (catéchisé par la secte des siphonnés du bocal).
Le Monde de Nemo, cinquième opus de Pixar (le top du cartoon synthétique), nous rappelle certaines prouesses éponymes et cavales cauchemardesques d'un petit môme enluminé du début du siècle dernier : Little Nemo de Windsor McCay, pionnier de la bande dessinée et animée. Ce parrainage s'applique encore plus à un autre artisan du rêve américain : l'incontournable Walt Disney, qui codifia durablement les règles du genre. En plus d'un suspense hitchcockien, voire kubrickien (Shining