Depuis vingt ans, elle égrène le temps à l'aide des titres des films d'Eric Rohmer. Ça commence en 1984, avec le Rayon vert. «J'ai rencontré Eric chez une maîtresse de Truffaut. Après nous avoir accueillis, elle nous a laissés en plan. Alors, on est restés tous les deux pendant des heures devant un thé. Et on a continué à se voir ensuite comme ça, pour parler...» Jusqu'au tournage du Rayon vert, où le cinéaste pense à Françoise Etchegaray-la-Basque puisque l'unique décor du film sera Biarritz. Françoise Etchegaray devient la guide idéale qui lui présente des gens, des lieux... Vingt ans plus tard, à raison d'un film par an, elle est toujours cette compagne des rêves de cinéma d'Eric Rohmer.
«Etre dans l'ombre de quelqu'un, c'est fatigant, lâche-t-elle en riant, mais avec lui, ça change toujours.» Entre deux repérages pour le prochain film, elle travaille dans un minuscule bureau, au fond de l'appartement des Films du Losange. Un buste de Murnau sur la cheminée, une vue sur la tour Eiffel à deux pas de l'«atelier» d'Eric Rohmer, un refuge. Son petit tailleur bon chic bon genre tranche avec la gouaille qui allume perpétuellement son regard. Au milieu des livres et des dossiers, elle débrouille chaque jour les soucis matériels de la galaxie rohmérienne.
Lettres classiques. «On était trois sur le Rayon vert, se souvient-elle. Aujourd'hui, Eric a coutume de dire "On s'est tellement amusés !"... mais la vérité c'est qu'on se cartonnait tous les jours...» On est alors en l'an I de so