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Libération
Critique

Tarantino se touche

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Cartoon glamour et sanglant sur fond de kung-fu, «Kill Bill» est un exercice d'onanisme stylistique.
publié le 26 novembre 2003 à 2h03

L'abus d'une certaine cinéphagie conduit-elle à des dérangements gastriques ou cérébraux de nature à polluer l'atmosphère ? C'est la question que l'on peut se poser devant le quatrième film de Quentin Tarantino, la compilation énervée de ses fixettes de cinéaste junk-food gavé depuis des lustres de tous les produits possibles et imaginables de la sous-culture planétaire, western spaghetti, gore guacamole, wuxia-pan sixties, mangas dézonés, films d'infirmières en petites culottes, blaxploitation nazebroque, pulp, Z, polar érotique trash avec des transsexuelles maliennes poursuivies par des soudards névrosés de Bogota, et tout ce que vous voulez... Kill Bill, volume 1, dévoile ce best of maison, longuement mûri (six ans depuis Jackie Brown) et remixé dans ce que l'on peut imaginer être une luxueuse retraite hollywoodienne, piscine d'onyx, salle perso en quadriphonie et, avec un peu de chance, d'imposants saladiers de coke posés en quinconce dans le salon pour les invités et leur hôte. Kill Bill est, par ailleurs, un produit Miramax habilement profilé pour une juteuse culbute financière (avec produits dérivés, cf. les baskets d'Uma), scindé en deux tomes signés par l'homme qui, en 1991 avec Reservoir Dogs, et surtout Pulp Fiction deux ans plus tard, apportait sur un plateau d'argent leurs premiers gros succès aux frères Weinstein.

Capharnaüm. A l'époque, tout le monde avait chanté l'avènement d'un nouveau cinéma indépendant US, qui, après que le terme de «tarantinien» a été forg