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Libération
Interview

«Un tout autre scénario était possible»

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Andreï Zviaguintsev détaille sa trajectoire, ses influences et ses exigences.
publié le 26 novembre 2003 à 2h03

Lauréat du lion d'or à Venise en septembre, Andreï Zviaguintsev, 40 ans à peine, est passé du jour au lendemain du statut de parfait inconnu à celui de cinéaste vedette. Manifestement toujours un peu interloqué par ce violent coup de projecteur, il a répondu à nos questions en dévorant des tartines de foie gras.

Avez-vous été surpris par l'accueil dithyrambique du «Retour» à la Mostra de Venise ?

C'était mon premier contact avec la critique internationale. On m'a affirmé que ce genre de réactions très positives est assez rare, j'ai donc eu beaucoup de chance. J'étais dans l'avion au moment de la première projection et j'ai reçu un message sms me disant que le film avait été applaudi. J'étais surpris parce que, après la projection de presse à Moscou le 20 août, il y a eu seulement deux ou trois critiques positives. La plupart des articles étaient hostiles, affirmant que le film était un retour en arrière, que ce n'était plus ça que le spectateur attendait aujourd'hui du cinéma. Avec ce lion d'or, j'ai l'impression que le film est emporté dans une course en avant que je ne contrôle pas. C'est confortable et en même temps, je ressens l'angoisse du pas suivant, je n'ai pas le droit à l'erreur, on m'attend au tournant...

Comment avez-vous travaillé le style de votre film ?

Avec mon chef opérateur, Mikhaïl Kritchman, que je considère comme le coauteur du film, nous avions les mêmes exigences, le désir d'aller vers une image épurée, un certain laconisme visuel, nous cherchions à mettre les personnages dans un monde presque vide. Nous avons préparé le tournage pendant six mois en dessinant à peu près tous les plans, déci