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Libération
Critique

Christoffer Boe, bof

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Auréolé du statut d'oeuvre culte, le «Reconstruction» du cinéaste danois ennuie et aligne les poncifs.
publié le 3 décembre 2003 à 2h10

Parmi les grands mystères qui auront frappé l'année 2003, le plus étonnant à nos yeux restera l'engouement que n'en finit pas de susciter Reconstruction à peu près partout où il passe. Raflant tout d'abord la Caméra d'or à Cannes, le premier film du Danois Christoffer Boe se trimbale depuis sur tous les festivals de la planète auréolé d'un statut d'oeuvre déjà culte, tellement au-dessus du troupeau qu'elle ne peut désormais plus frayer qu'en catégorie hors compétition.

Fumeux. Face à la chose, il faut le dire, tout s'effondre rapido. Reconstruction est une telle accumulation de poncifs de cinéma maniériste froid, qu'il faut avoir vécu douze ans dans un caisson de relaxation pour s'étonner du moindre de ses effets. L'heure vingt-huit que dure le film est employée à griller, les unes après les autres, des cartouches scénaristiques fumeuses sur les possibilités infinies d'une rencontre entre un homme et une femme.

La femme est blonde et belle (l'actrice qui la joue est aussi employée dans un autre rôle, celle de la fiancée officielle et sacrifiée de l'homme qui lui succombe), l'homme est jeune et veau, ils se croisent en mode repeat dans des couloirs temporels d'une histoire déjà programmée que trame contre eux quelqu'un de supérieurement malin, jouant aux dés avec leurs coeurs.

Notons que le terrain de ce jeu s'appelle Copenhague, cité riante s'il en est, où tout ressemble à une pub pour une marque de bagnole allemande. Cette aseptisation du monde est l'une des rares choses intri