Avec celui de la grippe, le virus de la compilation accompagne désormais les fins d'année modernes. Dans la vitrine du cinéma, cette manie consiste à fabriquer des listes, des best of, des recollections de notules et, surtout, de les légitimer d'un label.
Le magazine Première par exemple, contient dans son numéro courant un booklet établissant les 100 meilleurs DVD de la rédaction. Il se présente comme un guide utile au cinéphile que le trop grand choix embarrasse, à l'honnête homme qui voudrait se constituer une vidéothèque de base. En vérité, il ne peut servir à grand-chose d'autre qu'à refléter le goût moyen d'une époque, et ne se singularise par aucun choix spécifique à Première : sur ce terrain comme sur les autres, le temps ne semble fabriquer que du consensus, sinon de la mollesse. Dans le même ordre d'idée, on signalera, dans le Studio de décembre la case DVD nouvelle mouture indiquée d'une grosse flèche rouge et d'un «plus de pages, plus d'infos», et les «100 DVD et leurs bonus au crible» des Cahiers du cinéma (décembre, n° 585).
Plus massivement consensuel encore, la sorte d'annuaire pâlement imprimé mais qui fait de grosses piles très visibles chez le marchand de journaux, l'énorme Guide du cinéma chez soi publié par Télérama, avec deux chiffres-choc sur la jaquette : 12 000 critiques et 15 euros.
Un savant calcul plus tard, nous voilà donc avec ce chiffre saugrenu et désespérant de 0,00125 euro la critique, ce qui est une forme de concurrence parfaitement déloyale.