Les frères Jalladeau, Philippe, l'aîné, et Alain, le cadet, ont fait comme Staline et Roosevelt : ils se sont partagé le monde. Un monde sans Europe ni Etats-Unis et purement de cinéma. A Philippe sont revenus les pays arabes, l'Amérique latine. A Alain l'Inde, la Chine, l'Extrême-Orient et l'Afrique noire. Et, ensemble, ils visitent l'Iran. Pendant vingt-cinq ans, ils ont ainsi alimenté leur festival des Trois Continents à Nantes, découvrant l'Etoile cachée, chef-d'oeuvre du Bengali Ritwik Ghatak, mais aussi les Rebelles du dieu Néon de Tsai Ming-liang, les Garçons de Feng Kuei de Hou Hsiao-hsien, Terre jaune de Chen Kaige, El imperio de la Fortuna de Ripstein, Où est la maison de mon ami de Kiarostami, Kairat d'Ormibaev et la nouvelle vague argentine.
«Continuité». Philippe et Alain Jalladeau sont des passionnés de cinéma, des fans de la Cinémathèque et des voyages. Après un diplôme d'ingénieur de travaux publics, des études d'océanographie à Princeton, Philippe a suivi un mastère de cinéma à Stanford. Revenu en France, il fonde avec Alain, qui a fait son droit, une antenne de la Cinémathèque française à Nantes. «Ça a duré de 1963 à 1979. Deux jours de programmation par semaine. Nous montions à Paris pour faire la liste avec Henri Langlois. La façon dont il la concoctait en mêlant muets et films contemporains nous sidérait. Nous avons appris qu'il y a une continuité dans l'histoire du cinéma.»
Dans les années 70, les frères ajoutent des concerts de jazz et les Rencontres du