Il fut un temps pas si lointain, trois ans tout au plus, où le cinéma japonais était le plus en forme du monde. L'affaire tenait à trois ou quatre cinéastes en roue libre et à un producteur mécène jusqu'à cessation de paiement (le vaguement yakusa M. Sento). Kiyoshi Kurosawa, plus âgé d'une décade que ses congénères punks, faisait office de parrain et signait au moins deux chefs-d'oeuvre opaques : Charisma et Kaïro.
Désabusés. Depuis, quoi ? Il semble provenir du cinéma japonais un désabusement certain, et le beau Shara de Naomi Kawase mis à part (au fait, ça sort quand cette merveille ?), les récents films d'Aoyama (Desert Moon) ou Kurosawa tirent un signal d'alarme crépusculaire sur un empire finissant. Une réaction à la japonaise, diluée dans des signes laissés à la libre interprétation du spectateur. Lequel sera devant Jellyfish un rien médusé : que comprendre de l'histoire d'un mec qui élève dans un aquarium une méduse phosphorescente et mortellement venimeuse ? Il tue son employeur et son meilleur ami, hérite de la méduse avant de la relâcher plus ou moins malencontreusement dans les égouts de Tokyo où la gélatineuse poche d'eau marine va proliférer et éclairer les canaux de ses feux.
Après ça, on est bien emmerdé pour fournir une interprétation certifiée : le futur éblouissant qu'appelle Kurosawa est-il flasque et empoisonné ? Ou Jellyfish raconte-t-il au contraire comment un cnidaire en flottaison pourrait redonner de l'électricité au Japon à venir si on voulait bien e