Installé depuis deux ans dans l'ancienne usine Fiat transformée en gigantesque centre commercial, le festival du film de Turin a convaincu public et professionnels que le détour valait bien la peine. Dédié au jeune cinéma contemporain, le festival doit surtout sa renommée à ses rétrospectives. Cette année, le couple détonnant William Friedkin-Alexandre Sokurov fut ainsi honoré, séparément. Leur chemin ne se croisa même pas. Friedkin, d'origine russe, partit le jour où Sokurov arrivait. Nous ne saurons donc jamais ce que les deux réalisateurs, le premier enterré à tort par la critique française depuis la fin des années 70, le deuxième, célébré depuis quelques années seulement malgré ses 31 films, auraient bien pu se dire. Dommage. Un centre commercial demeure un drôle d'endroit pour des rencontres cinématographiques mais, devant la qualité des projections, dans les dix salles du multiplexe Pathé du Lingotto, on comprend que les directeurs du festival, Giulia d'Agnolo et Roberto Turigliatto, aient choisi de déserter les petites salles du centre-ville, pittoresques mais vétustes, prises en otage par la reconstruction totale de la ville en vue des jeux olympiques d'hiver de 2006. Parmi les films marquants (outre la rétrospective Stavros Tornes, en présence du cinéaste et critique Jean Douchet), surtout des documentaires, ceux de Frederick Wiseman sur la violence conjugale, d'Errol Morris sur Robert McNamara (sortie le 7 janvier) et l'incroyable et inédite conversation avec Fritz
Turin très rétro
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publié le 3 décembre 2003 à 2h10
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