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Libération
Critique

C'est la lutte rurale

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publié le 10 décembre 2003 à 2h16

Joël Brisse a conservé de ses courts métrages, remarqués (la Pomme, la figue et l'amande, il y a trois ans), une authenticité et une générosité qui rendent tous ses projets d'emblée désirables. Quand il pose la caméra aux champs, ce qui lui arrive souvent, on a envie de soutenir son film. C'est ce qui advient avec ce premier long métrage, la Fin du règne animal, un titre mystérieux qui dit le décalage grandissant entre la vie de la nature et celle que voudraient lui imposer ceux qui l'exploitent, paysans, éleveurs, tourisme, une nature réglée dès lors par les engrais, les pesticides, les hormones ou les piscines-salles des fêtes.

Joël Brisse raconte en effet l'histoire d'un «fou du village» (joué par Bruno Lochet, ex-Deschiens, crédible) qui, à force de dénoncer les conditions misérables de l'exploitation des terres, des vignes et des troupeaux, se retrouve mis au ban, et ne découvre un semblant de compréhension que dans les mots d'une fillette et le regard de son institutrice (Hélène Fillières).

Ce n'est pas un drame bio mais une fable rurale qui risque de mal se terminer lorsque le doux dingue visionnaire prend en otage un troupeau menacé d'extermination et résiste aux gendarmes, enfermé dans une grange. Il faut à Joël Brisse une délicatesse certaine, et un sens de la mise en scène non moins évident, pour faire passer cette chronique rurale pour un vrai film : il sait regarder tout simplement. Les moutons, les petites filles, le héros bourru, tous se mettent à exister et à n