Presque pas besoin de poser des questions. Yann Dedet a déjà le plan de montage de son autoportrait en tête, «un peu désordonné mais enthousiaste», dit-il. Le scénario commence par cette scène originelle où le grand père Dedet lui offre une caméra, une Payard Bolex 8 mm. Le petit Dedet («ça vient de "donné à Dieu"») a 11 ans et il s'amuse à faire des films d'enfant. A peine sept ans plus tard, c'est la deuxième femme de son père, la monteuse Marie-Josèphe Yoyotte, qui le conduit vers le cinéma. En 1971, il est le chef-monteur des Deux Anglaises et le continent de Truffaut. Il sera ensuite celui de quelques films de Pialat et d'autres encore. En 2002, à 56 ans, il réalise son premier film, le Pays du chien qui chante. Le tout sans raccord dans le mouvement, il déteste. Et sans école, mais pas si désordonné qu'il le dit.
«Presque tout se transgresse.» Enthousiaste, ça c'est sûr. Il ne tient pas en place sur la banquette du petit bistro de Montreuil, en face du cinéma le Méliès. Comment faire comprendre à des apprentis-cinéphiles cette histoire de «détestation du raccord dans le mouvement» ? Il brandit sa bière. «C'est comme si je faisais un plan de ce verre que je prends. Et ensuite un autre plan quand je le bois. C'est pas possible ! Il faut un plan-une idée. Et non une idée coupée en deux...» Mais Yann Dedet ne croit pas pour autant aux normes sacro-saintes dans le cinéma. «Bien sûr, c'est bourré de règles, mais j'ai vite appris que presque tout se transgresse.»
C'est entre le