Grand seigneur cosmopolite, Barbet Schroeder, 62 ans, mère allemande, Parisien par cinéphilie, Français de culture, hollywoodien d'adoption, a réalisé une quinzaine de films, tous montrés à la Cinémathèque après le Festival de Belfort. Rencontre avec le plus rocambolesque des jansénistes et discret des dandys.
La Cinémathèque : consécration ou enterrement de classe ?
J'aime l'idée d'avoir tous les soirs un de mes films sur les boulevards, ça évite le côté sérieux et le tombeau de Chaillot. Je suis un enfant de la Cinémathèque de la rue d'Ulm années 60. C'est là que j'ai tout vécu. J'y suis arrivé par proximité, du lycée Henri-IV. J'étais interne et je faisais le mur la nuit. Grands souvenirs : intégrales Hawks, Bergman, Mizoguchi. Cette rétrospective, c'est un retour au bercail.
Vos films diffèrent beaucoup par leurs lieux de tournage, langues, époques. Réunis, ils prennent une cohérence ?
Les gens vont trouver des liens, mais je ne dirai rien. Les cinéastes commentant leur «oeuvre», c'est obscène. Chaque film fut une aventure très différente, même si je sens des recoupements secrets. Cela n'empêche l'interprétation : à Belfort, fin novembre, j'ai eu des fans, des filles de 17 ans, qui ont tout vu. Très agréable.
Vous aimez tous vos films ?
Tous. Mais dans la Vallée (1972) je couperais quelques plans. Ce sont toujours les deux derniers que j'aime le plus : je ne regarde jamais très loin en arrière. Je n'ai jamais fait un film auqu