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Libération
Critique

«Bambi», une piqûre de vertige

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Dans les couloirs de l'hôpital, l'héroïne de Gilles Marchand nous attire irrésistiblement à sa suite.
publié le 24 décembre 2003 à 2h26

Avec la malice qui l'accompagne, Gilles Marchand commence sa véritable vie de cinéaste (il est connu comme le scénariste de Ressources humaines, de Laurent Cantet, et de Harry, un ami qui vous veut du bien, de Dominik Moll) en nous posant une colle. A ceux que les devinettes emmerdent, vendons la mèche : il n'est pas plus question ici de savoir qui a tué Bambi que de se persuader qu'il a un jour été tué... Pour ceux qui adorent les énigmes, maintenons le suspense : il y a bien des questions à résoudre et des fausses pistes à repérer.

D'abord une question : quand et où exactement, Bambi a, ou n'a pas, été tué ? C'est déjà une sacrée paire de manches, et presque une large part du travail du film, que de s'atteler à un semblant de réponse. Sachons toutefois que Bambi est infirmière. Et comme telle habite en blouse blanche l'hôpital et ses fantasmes. L'endroit depuis lequel elle nous parle, et depuis lequel Gilles Marchand la regarde pour nous, n'a cependant presque plus de rapport avec la réalité : c'est un couloir de néons, avec des chambres, des corps, dans leur inanité clinique ou, au contraire, leurs fonctionnements désirants : ils marchent, se croisent, se parlent, se touchent, se déshabillent, s'auscultent, s'aiment, parfois souffrent ou ne peuvent pas se souffrir, ou souffrent de ne pas être aimés en retour. L'hôpital est ici avant tout une cosa mentale, mais faite de rituels, d'architecture, de regards, d'objets, de trajets, donc d'une mise en scène que le film tire au c