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Libération
Critique

Conte à rebours

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La Catalane Isabel Coixet bouscule en suivant les deux derniers mois d'une jeune femme atteinte du cancer, pleine d'énergie pour préparer «sa vie sans elle».
publié le 24 décembre 2003 à 2h26

Au concours des titres recyclables en devise personnelle par tous ceux qui ont le sentiment de conduire leur existence à côté de leurs pompes, Ma vie sans moi pourra disputer la palme, cette année, au coude à coude avec Vivre me tue (de Jean-Pierre Sinapi). Cela pourrait, à soi seul, lui assurer des clients, fut-ce au prix d'un certain contresens. Car le film d'Isabel Coixet, petit miracle de générosité, ne se résume pas à son titre ambigu. Ni au parrainage de Pedro Almodovar, qui l'a produit, et dont la signature figure en haut de l'affiche. Précisons encore, pour dissiper toute équivoque préalable, que ce n'est pas non plus un film spécialement castagnettes, puisqu'il a été tourné au Canada (Vancouver), avec des acteurs principaux anglophones, par une réalisatrice catalane, certes, mais coutumière, depuis ses débuts (elle en est à son quatrième long métrage), des réalisations indépendantes made in Amérique.

Soit donc Anne (Sarah Polley), jolie jeune mère de famille de 23 ans, qui vit avec son mari à moitié chômeur et ses deux petites filles dans une caravane, tout en faisant des ménages de nuit à l'université pour assurer l'ordinaire, et qui apprend ex abrupto que, rongée par un cancer inopérable, elle n'en a plus que pour deux mois à vivre. Normalement, à ce stade-là, on présume qu'elle devrait déjà être un peu plus maigre et manquer tout à fait de l'énergie nécessaire à meubler ce sombre scénario d'expériences nouvelles. Au lieu de quoi, le film va quand même lui donner l