Bien sûr les scénaristes ont quelque peu modifié le contenu du roman de Patrick O'Brian, et la proie originale du HMS Surprise (fleuron de la flotte royale britannique), le navire américain Norfolk, s'est métamorphosée en Acheron, une redoutable frégate française affrétée par Napoléon. Par ailleurs, Master and Commander (en français : Maître à bord) est le titre du premier volume d'une saga en vingt tomes, alors que De l'autre côté du monde, adapté ici, en est le dixième volet. Mais quelle importance en vérité ? Car même s'il fait le bonheur de quelques critiques US obsédés par tout ce qui a trait à la France, ce changement de nationalité ne nuit en rien à la qualité d'un film historique ; au contraire, il contribue à en augmenter la crédibilité. Les exhortations antibonapartistes du capitaine Aubrey précédant la bataille finale («Souhaitez-vous que vos enfants grandissent en chantant la Marseillaise ?») constituent ainsi un grand moment ; Russell Crowe s'inspirant visiblement à la fois des discours de l'amiral Nelson et des directives d'avant match d'Eddie Jones, l'entraîneur des Wallabies.
Réalisé par l'Australien Peter Weir, Master and Commander, qui réunit pour la seconde fois (après Un homme d'exception) Russell Crowe et Paul Bettany (le comédien qui incarnait également le poète Chaucer dans Chevaliers) est un magnifique film d'aventures comme on pensait qu'il ne s'en tournerait plus. Outre la course poursuite passionnante entre deux vaisseaux ennemis, il retrace l'amiti