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Libération
Interview

«Politiquement, le plus fidèle»

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publié le 31 décembre 2003 à 2h31

Guy Maddin (prononcer «gaï madine») vit depuis toujours (46 ans) à Winnipeg, Manitoba, au coeur des forêts du Canada. Il l'un des metteurs en scène les plus excentriques du moment, «le plus grand réalisateur de films muets en noir et blanc du XXIe siècle», selon le New York Times. Il revient sur la genèse, la fabrication et le sens de son nouveau film.

D'où vient votre «Dracula» ?

Du lit des femmes de la bonne société anglaise... C'est aussi une idée de mon producteur, Vonnie von Helmot : filmer le ballet du chorégraphe Mark Godden d'après le roman de Bram Stoker pour le Canada's Royal Winnipeg Ballet il y a quelques années, sur une musique de Gustav Mahler. J'ai hésité. D'abord, je détestais les films dansés. Cela m'a toujours ennuyé. Ensuite, les Dracula m'ont également toujours ennuyé, depuis ma plus tendre enfance. Pour préparer le film, je les ai tous revus : le même ennui est remonté, exception faite du Vampire de Dreyer, beau et mystérieux. J'ai aussi lu le roman de Stoker : c'est très intelligemment écrit, mais le style est hautement indigeste. J'ai mis six mois à venir à bout de ce roman de trois cents pages !

Qu'est-ce qui vous a décidé ?

Un défi technique et une idée politique. Le défi était de réaliser le film super 8 le plus cher de l'histoire du cinéma. J'ai réussi : un film en super 8 à 1,6 million de dollars canadiens ! Car la presque totalité des 2000 plans du film a été traitée numériquement. Avec Deco Dawson, mon associé metteur en scène et monteur, nous avons