Formée à l'école de Lodz, en Pologne, remarquée avec ses premiers courts métrages noirs, profonds, déjà matures, primée et soutenue par la Cinéfondation du festival de Cannes, Emily Young, à peine 30 ans, est une jeune cinéaste anglaise qu'on attendait, peut-être la bonne nouvelle venue d'outre-Manche, représentant tout ce qui allait nous changer des comédies pathétiques qui prennent habituellement l'Eurostar.
Kiss of Life, son premier long métrage, présenté en sélection «Un certain regard» au dernier Festival de Cannes, est tout à la fois la confirmation de ce talent et une relative déception. L'ambition est là, au coeur de cette histoire de revenants qui errent dans les limbes à la recherche les uns des autres, entre un Londres qui ressemble à une banlieue d'Europe de l'Est et une Bosnie qui a le goût d'une steppe perdue, entre les membres d'une famille à la fois unie et déchirée par la passion. Les personnages s'imposent, on les suit, ils fascinent le plus souvent incarnés qu'ils sont par de très grands acteurs (Peter Mullan, David Warner, excusez du peu !) , ils agacent aussi, avec leurs manières parfois déplacées, leurs états d'âme insurmontables, leurs caprices de diva de la déprime, suffisamment en tout cas, pour intriguer.
Ce qui cloche, c'est cette façon d'avoir voulu tout mettre dans le film, certes le premier d'Emily Young, d'avoir désiré raconter tant d'histoires, tant de corps, tant de paysages. Si bien qu'on étouffe assez vite par overdose d'ambition, comme si