Port-Louis envoyée spéciale
Rien ne ressemble plus à un Chinatown qu'un autre quartier chinois. Celui de Port-Louis, à l'île Maurice, semble avoir été figé à tout jamais. Dans l'arrière-salle du club de majong face à la Jummah Mosquée, un vieux prépare des nouilles, comme son père et son grand-père, ses ancêtres, devaient les préparer. La même odeur sans doute qui met en appétit. De la même façon, les habitués du lieu font partie du décor. Ils n'ont sans doute pas beaucoup changé non plus depuis la première vague d'immigration. Les mêmes gestes, les mêmes breuvages, les mêmes sons. Ils figureront tels quels dans le film de Barlen Pyamootoo, auteur et éditeur mauricien, passé à la réalisation.
Population sceptique. C'est la première fois qu'une fiction mauricienne est tournée dans le pays. Dans la rue, où sont garés les camions de ravitaillement et bientôt la cantine mobile, les passants ne comprennent pas grand-chose. En général, on tourne là-bas en autosuffisance de grosses productions indiennes avec des superstars. Le moindre grain de riz est importé pour l'occasion. Ou bien, ce sont quelques cinéastes européens amoureux du pays qui en font leur décor. Mais un Mauricien qui tourne un film mauricien sans vedettes et en créole, c'est une première !
La population trouve cela sans doute un peu trop cheap et ne manifeste guère de sympathie pour l'opération. La libraire, face à la mosquée, déteste de toute façon la plupart des films, «qui sont violents, irrespectueux et qui donnent