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Libération
Critique

Les mystères de «Lost»

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Le deuxième film de Sofia Coppola, sur un Américain déphasé à Tokyo : drôle et diffus.
publié le 7 janvier 2004 à 21h44

Gros succès indé surprise outre-Atlantique, cinq fois nominé au x Golden Awards (meilleurs scénario, film, acteur, actrice, metteur en scène), étape préliminaire décisive aux oscars, Lost in Translation est, après Virgin Suicides, le second film de Sofia Coppola. La fille Coppola est certainement la personne la plus proche de l'idée que l'on peut se faire de certains personnages de Salinger, riches, surdoués, d'un élitisme caustique, le tout submergé par un nuage parfumé de tristesse chic, moue boudeuse à la vie, gros yeux noirs que l'on fait au destin, ruban de soie et de cendres.

Zombie. Sofia Coppola n'a pas vraiment besoin de travailler, elle a lancé à 20 ans avec une copine, quasiment pour rigoler, une ligne de vêtements Milk Fed au Japon, qui a si bien cartonné qu'elle lui assure désormais des fins de mois cinq étoiles. C'est comme ambassadrice de cette marque qu'elle s'est mise à fréquenter plusieurs fois par an Tokyo, descendant, pauvre petite fille riche, au Park Hyatt, tour infernale de plus de cinquante étages dotée d'un bar panoramique ouvrant, tel un aquarium bleuté, sur les splendeurs clignotantes de la capitale nippone.

Lost in Translation se déroule ainsi presque entièrement entre les murs de ce palace où débarque dès la première scène Bob Harris (Bill Murray), acteur fameux venu cachetonner pour 2 millions de dollars dans la pub d'un whisky. Complètement hagard, tentant de décompenser les effets désastreux du jet-lag et de l'insomnie par l'absorption de grosse