Menu
Libération
Critique

Jeu de nain, jeu de vilain

Article réservé aux abonnés
Une fable tragique de l'espoir italien Matteo Garrone.
publié le 14 janvier 2004 à 21h59

Matteo Garrone est un Romain de 35 ans, éternel sourire aux lèvres, le regard malicieux. Espoir du cinéma italien, la réalité qu'il donne à voir est toujours très noire. Son quatrième long métrage, produit par l'omniprésent Domenico Procacci, Il Imbalsamatore («l'embaumeur», curieusement traduit en français par l'Etrange Monsieur Peppino) ne déroge pas à la règle. Avec plus de moyens que pour ses films précédents, qu'il produisait lui-même, Garrone affirme ici un talent pour la fable grotesque et tragique, entre Fellini et Fassbinder. Rencontré en décembre dans un café de la Piazza Venezia à Rome, il résume ainsi l'histoire de Peppino : «La recherche de la beauté aboutit à l'impossible réalisation du bonheur.»

Pour l'Etrange Monsieur Peppino, inspiré d'un fait divers qui a défrayé la chronique en 1993, Garrone puise là où l'Italie a mal, à la façon d'Antonioni en 1952 avec I Vinti (les Vaincus), film à sketches sur la jeunesse délinquante.

Triangle amoureux. Un beau jour, au zoo, Peppino Profetta, nain de son état, taxidermiste de profession, aperçoit Valerio, grand, jeune et beau ­ tout ce qu'il n'est pas. Son désir ne fait qu'un tour : le quinqua aborde le jeune homme, serveur dans un restaurant de bord de mer. Lors d'un voyage à Crémone, où Peppino doit rendre un service à la Camorra (ouvrir et recoudre un macchabée bourré de cocaïne), Valerio rencontre Deborah, une fille comme lui, un peu paumée dans la vie. De fil en aiguille, Peppino accepte d'héberger le jeune couple ch