«Ici, je rejoins mon rêve !» Au premier étage d'un petit pavillon d'un passage à Saint-Denis (93), Anissa bûche derrière son ordinateur. Montée de Marseille il y a quelques mois, la jeune fille s'est installée en banlieue parisienne pour enfin apprendre ce métier de monteuse auquel elle aspire depuis l'adolescence. Dans le pavillon, ils sont trois jeunes comme elle, ce matin-là, à monter seuls pour la première fois leur court film d'études. Dans l'ancienne imprimerie du passage, elle aussi annexée, un atelier de «ressources emploi» réunit une quinzaine de personnes en quête de stage ou d'embauche. Tandis que dans une autre salle, des stagiaires en assistanat de production planchent sur de grands tableaux. Avec ses faux airs de squat d'artistes, le local d'Altermédia est une fourmilière industrieuse.
Sur le tas. Depuis sa création en 1987 par des cinéastes et des techniciens regroupés autour du philosophe Félix Guattari, l'association Altermédia a mué. Il s'agissait alors de «soutenir la création, l'émergence de jeunes talents et la transmission des savoirs». Ces trois fonctions restent évidemment d'actualité, mais la troisième a pris plus de place dans la mission d'Altermédia. Selon les chiffres du Centre national du cinéma (CNC), 80 % des techniciens du cinéma se forment sur le tas et 20 % en école. «Or, aujourd'hui, avec l'arrivée du numérique, explique Caroline Chomienne, responsable d'Altermédia, les postes de stagiaires et d'assistants ont quasiment disparu des salles de