Depuis ses premiers films Koza (Cocon, 1995), Kasaba (la Petite Ville, 1997) et Mayis Sikintisi (Nuages de mai, 1999) , Nuri Bilge Ceylan a fait le choix de rester en marge, avec une même petite équipe pour dresser une chronique intimiste. Naguère, après un diplôme d'ingénieur et des études de cinéma, il a fait de la publicité, avant d'arrêter, las de devoir mentir. Aujourd'hui, à 45 ans, Nuri Bilge Ceylan refuse toutes les sollicitations de la télévision. Il veut rester libre d'être lui-même.
Votre film oppose deux hommes et deux villes...
Yusuf est plein d'espoir et parcourt Istanbul. Mahmut est là depuis longtemps. Il va toujours dans les mêmes cafés et les mêmes lieux. C'est un homme muré qui sait avoir perdu, qui ne sait toutefois même plus ce qu'il a perdu. Il voulait faire des films et de la photographie d'art. Il a commencé à faire de la publicité, à bien gagner sa vie. Désormais, il a de l'argent pour réaliser ses idéaux de jeunesse mais il n'a plus l'énergie ni la foi. Ce film est d'abord le face-à-face de deux caractères, et pourrait se dérouler aussi bien à Paris qu'à New York, même si évidemment Istanbul est là, omniprésente. Même la neige a été un hasard car certaines années, il ne neige pas. Cela a duré trois jours. Comme nous sommes une petite équipe, nous avons pu tout changer dans le déroulement du tournage et en profiter.
Mahmut symbolise-t-il l'échec de l'engagement d'une génération ?
La politique ne m'intéresse pas et ne m'a jamais intéressé, car je crois