II y a plusieurs façons de voir ce film. L'histoire d'un petit mec gentil qui tourne salaud. Ou alors plutôt, peut-être, l'histoire d'un salaud qui s'ignorait et qui apprend à se faire les dents. Ou, encore, celle d'un jeune type comme tout le monde qui passe au rabot d'un monde de salauds. Ou enfin... Disons l'histoire d'un étudiant de province tout heureux d'être recruté par un grand cabinet d'audit de La Défense et qui s'aperçoit, mais un peu tard, qu'on ne lui demande pas seulement d'ausculter des comptes et des procédures mais de virer des gens.
Bref, une histoire d'aujourd'hui, titrée à la Houellebecq et parlant d'ailleurs des extensions sociales du domaine de la lutte en entreprise, sujet qu'on ne manquera pas de rapprocher d'autre part de Ressources humaines, le film de Laurent Cantet. Mais ce mélange de références passablement contradictoires dissimule un cocktail insolemment dépourvu de concessions.
Mistigri. Chez Jean-Marie Moutout, il y a des ouvriers, forcément. Mais moins que chez Cantet. On reste plutôt chez les employés et les cadres, comme dans les romans de Michel Houellebecq. L'appartenance de classe, la famille ouvrière, ne font pas partie du bagage de Philippe (Jérémie Rénier), l'apprenti yuppie. Ou alors en très digéré. De toute façon, on n'en saura pas plus: Philippe vit au présent, loin de son enracinement, et apparemment sans héritage idéologique déterminant. Pas si naïf ou cynique, au demeurant, qu'il ait voulu être DRH comme le héros de Cantet. S'il