C'est toi qui fais Benicio Del Toro ? Veinard !» La réaction de plusieurs rédactrices de Libération a suffi, si l'on en doutait, à mesurer la cote de l'acteur américain auprès des femmes depuis son rôle de policier dans Traffic. A les entendre, ce fils turbulent d'avocats portoricains serait la star la plus hot de Hollywood, l'incarnation la plus séduisante du mâle contemporain.
Alors, en vrai, «il» est comment ? Viril, indéniablement. Et beau, tout autant. La taille haute, la carrure forgée par la pratique intensive du basket que l'on devine sous le costume chic, jusqu'aux cheveux abondants désormais plus sel que poivre, l'homme a de quoi affoler. Le natif de San Juan passe volontiers pour le «Brad Pitt latino». Face à lui, on pense plutôt à une version salsa de Robert Mitchum pour le contraste entre la voix, étonnamment douce, et la présence, massive voire envahissante. A l'écran, Benicio Del Toro est un voleur de scènes : placez n'importe quel acteur, même vedette, dans le même plan que lui, et il n'existe plus. Son premier grand rôle fut un homme de main dans le polar-labyrinthe Usual Suspects, où on le voit beaucoup, bien qu'on l'entende peu : six lignes de dialogues marmonnants en deux heures. Et, comme Mitchum, il est doté de ce que le journaliste-écrivain Hunter S. Thompson appelle «une vraie tête de coupable».
Dans la lumière blafarde d'un après-midi pluvieux, un changement d'angle suffit à accentuer les pommettes qui grignotent les tempes, les paupières lourdes au-de