Menu
Libération
Critique

Inénarrable Iñarritu

Article réservé aux abonnés
Avec «21 Grammes», il impose un style décapant où les genres s'entrechoquent.
publié le 21 janvier 2004 à 22h11

Premier film «américain» du réalisateur mexicain Alejandro Gonzales Iñarritu (Amours chiennes), 21 Grammes, est un film qui ne tient pas en place. A commencer par la place qu'on pourrait tenter de lui assigner pour en faire la publicité : polar psy ? thriller métaphysique ? mélo philosophique ? Ou autres oxymores de ce genre. Itou pour son titre : la question des 21 Grammes (de graisse ? de cocaïne ? de tissu ?) ne prend tout son poids, lourd de réponse et de sens, qu'à l'extrême fin. Toutefois, ce remue-méninges théorique ne fait de l'effet que parce qu'il est à l'image, donc physiquement, un fameux chahut.

Où sommes-nous ? Probablement dans une ville des Etats-Unis, puisque tout le monde ou presque y parle américain. Quoique rien ne permette de situer sur la carte cette métropole cotonneuse, où tout semble possible en même temps : de jolies maisons confortables et des bungalows pourris. Ce qui fait office de campagne n'est guère plus identifiable : désert, broussailles, ronciers, motel en déshérence.

Drôle de genre. Cette incertitude géographique ne serait qu'une pause fatigante si elle n'était propice à une autre indétermination, concernant cette fois les habitants de ce film et par extension le genre humain. Drôle de genre, en effet, puisqu'on peut voir un homme à l'agonie se porter comme un charme le plan suivant. Ou encore une femme se droguant dans une salle de bains et apparaissant épouse et mère de famille heureuse une image plus tard.

Dans la grammaire du cinéma, cett