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Libération
Interview

«Le mystère du fils m'habite depuis toujours»

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publié le 21 janvier 2004 à 22h09

Après Mère et Fils, film sorti en 1997, Alexandre Sokourov, 52 ans, propose Père, Fils, deuxième volet de sa «trilogie familiale». Entre ces deux films, le cinéaste russe, héritier de Tarkovski, a tourné six longs métrages, dont l'Arche russe (2002), plan séquence de 90 minutes filmé au musée de l'Ermitage, éloge de la Russie éternelle et succès commercial inattendu. Il s'explique sur son «cinéma de l'amour filial».

Pourquoi une trilogie sur la famille ?

L'idée n'est pas nouvelle, et je ne prétends pas inventer quoi que ce soit de ce côté-là. La littérature a souvent traité de cet amour liant les membres d'une même famille. Pour moi, c'est l'amour le plus fort. Je suis parti de lectures, nombreuses, littéraires le plus souvent, et cela a croisé des réminiscences personnelles. Mais il ne s'agit pas pour autant d'une adaptation littéraire. Mère et fils, Père, fils et bientôt, j'espère, mon troisième film familial, sont réunis par l'idée d'un excès d'amour à l'intérieur du groupe le plus soudé qui soit. Car, quand les personnages aiment trop, ils s'oublient eux-mêmes et se révèlent. Les conflits plus frontaux entre amants ou entre générations ne m'intéressent pas. L'amour m'intéresse, non le conflit. Cependant, l'amour entre des êtres peut générer des mystères qu'il faut alors résoudre. L'amour n'est pas qu'harmonie, il peut créer des dissonances et parfois entraîner le mal. Au-delà de l'excès ou du manque d'amour, la question tourne autour de comment cet amour filial ou parental