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Critique

«Léo en jouant...» divague

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Desplechin livre une adaptation inégale de la pièce d'Edward Bond.
publié le 28 janvier 2004 à 22h20

Montré une première fois au dernier Festival de Cannes dans la sélection Un certain regard, le nouveau film d'Arnaud Desplechin, retransmis hier sur Arte, est diffusé en salle pour plusieurs mois au cinéma du Panthéon. Sorti sans tralala ni campagne de presse, notablement remonté, modifié, et même retitré, le film est une curiosité mêlant les supports (35 mm, DV, vidéo), une sorte d'exercice de style placé sur la voie d'un prochain film en attente. C'est aussi une «adaptation» d'une pièce d'Edward Bond, In the Company of Men, pas la moins sombre ni la moins obscure du grand dramaturge anglais. Léo, fils adoptif d'un patron de l'industrie de l'armement, doit affronter tout à la fois la guerre des OPA, les complots pour prendre le pouvoir dans son conseil d'administration et les fantômes ou drames familiaux.

Faute première. Le film, trop long, trop démonstratif, avait été fraîchement accueilli à Cannes, et Desplechin, preuve de lucidité, a vu ce qui clochait. Le nouveau montage, plus direct, sucre presque toutes les prises DV qui, film dans le film, enregistraient les répétitions et les lectures de la pièce, avant que celle-ci ne serve de scénario à un «vrai» film joué par les mêmes comédiens. De cette réalisation, il ne demeure donc que ce qui semble à jamais la touche Desplechin : une énergie sans égal passant d'un visage à l'autre, d'un personnage vers ses affects, du monde à ses origines. Une énergie qui puise dans une faute première que chacun voit revenir mais élude, dans