Asoka Handagama, la quarantaine animée d'un perpétuel sourire, tourne ces temps-ci son cinquième film dans le sud du Sri Lanka. Il revient sur la résistible ascension de son oeuvre la plus controversée, Flying with One Wing.
Désir étouffé. «Toutes les petites filles, dès leur plus jeune âge, comprennent très vite que la "condition féminine" n'est rien d'autre qu'une convention sociale. Elles comprennent aussi que la "masculinité" est un état supérieur ici à celui de la femme dans l'ordre social. Résultat: chaque petite fille, en plus de devenir femme, souhaite plus ou moins consciemment être aussi un homme. Ce désir débouche sur un dilemme au fur et à mesure qu'elle grandit. Elle réalise peu à peu qu'elle va devoir partager le même sort que la plupart des autres femmes, que cela tient aux relations traditionnelles et rituelles ordonnées par la société. Elle n'a d'autre échappatoire que d'étouffer en elle le désir de virilité qui aurait été sa planche de salut fantasmée, et de devenir une femme conforme à cet état de sous-homme que l'on attend d'elle.
Deux métiers. «Je me suis toujours intéressé autant au sort des exclus de notre société qu'à l'art. Au collège je faisais des bandes dessinées, j'écrivais des poèmes, des nouvelles. Mais je faisais aussi des enquêtes sociales pour une sorte de faux journal qu'on réalisait entre nous. Je ne sais pas d'où je tiens ça. Peut-être de mon grand-père maternel, qui était à la fois agriculteur et enseignant. Il trimait dur et s'intéressait