Une femme qui veut vivre comme un homme, habillée en homme, mâle aux yeux de tous, pour fuir l'asservissement réservé dans son pays à la majorité des femmes, tel est le sujet pour le moins explosif du nouveau film d'Asoka Handagama, le jeune cinéaste sri-lankais que tous les festivals rêvent d'attirer.
Titre décalé. Depuis This Is My Moon, son précédent film, sorti en 2000 (comédie sur les conflits ethniques qui déchirent le Sri Lanka), Handagama, 41 ans, est la nouvelle petite merveille du sous- continent indien, s'inscrivant dans les traces de l'immense Lester James Peries, le maître traditionnel du cinéma sri-lankais. Flying with One Wing, au titre parfaitement décalé et perturbant, confirme amplement les attentes : Handagama est l'un des rares cinéastes à savoir mettre en scène des «dossiers» de société bien épais sans virer au film à thèse. Son dispositif est plus retors : le grincement de dents, le rire jaune, le comique inquiet, le burlesque affolé.
Flying... narre à l'aide de courtes saynètes oscillant entre naïveté factice (tout est simple), contemplation suave (lumières ensorceleuses) et scène quotidienne édifiante (innombrables harcèlements sexuels), l'histoire d'un «jeune homme» d'une petite ville du sud du Sri Lanka, amateur de foot, marié à une brune ravissante... et qu'on découvre peu à peu femme. A la suite d'un banal accident, un médecin s'aperçoit de la supercherie. Il va désormais harceler cette proie, la soumettre au chantage, tout en sautant sur chaque