Bastia envoyée spéciale
Une société qui regarde son histoire, face à la caméra. C'est ce que les Bastiais ont découvert au cours des 16es Rencontres du cinéma italien qui se sont achevées ce week-end. Avec une quinzaine de longs métrages de fiction sélectionnés, émerge un nouveau cinéma dont on a pu voir quelques oeuvres fortes ces dernières semaines en France, notamment Tornando a Casa de Vincenzo Marra et qui laisse espérer un intérêt renouvelé du public pour la production de la péninsule après une vingtaine d'années circonscrites aux seuls Bellocchio, Moretti et Benigni.
Dans le grand théâtre de Bastia, les spectateurs n'ont pas besoin de traduction. Chacun passe du corse à l'italien ou au sarde sans trop de souci. Et les nombreux films qui abordent de front les «années de plomb» italiennes ont sur l'île une résonance intime. Outre Nos meilleures années de Giordana, Buongiorno, Notte de Bellocchio et Innocents de Bertolucci, une dizaine d'autres, choisis par René Viale et Jean-Baptiste Croce, inédits en France, ont, eux aussi, cette couleur très politique, ou du moins sociétale. «Je ne sais si l'on peut parler d'une tendance nouvelle, post-néoréaliste, dit Oreste Sacchelli. Je crois plutôt à la continuation d'une tradition en Italie. Celle d'un cinéma qui prend en charge l'histoire, depuis Paisa de Rossellini en 1946. Reste que le jeune cinéma italien n'a pas encore surmonté une sorte de crise esthétique.»
«Moisson aléatoire.» Enseignant d'italien à Nancy, animateur de c