Le voyage de James à Jérusalem s'ouvre par un générique au graphisme bariolé, sur fond gaiement rythmé de gospels africains. Cette bonne humeur de catéchisme enfantin, assortie à une certaine imagerie des lieux saints (Israël), présente un avantage : situer d'emblée le film dans le registre de la fable. Et un inconvénient : le risque de suggérer une fadaise enrobant une moralité lénifiante. Or, si le charme du film de Ra'anan Alexandrowicz tient beaucoup à sa simplicité et au radieux sourire de son interprète, Siyabonga Melongisi Shibe, il n'est en rien simplet. Son ironie tisse, jusqu'à la facétieuse élégance de sa pirouette finale, une leçon complexe, d'une mélancolie aussi subtile que désabusée.
Bêtes de somme. Israélien de la deuxième génération (son père, originaire de Cracovie, est arrivé en Israël à 12 ans, et sa mère, allemande, s'y est installée après ses études universitaires), Ra'anan Alexandrowicz, 34 ans, dit avoir eu l'idée de son film en parlant avec un ancien banquier nigérian, d'une quarantaine d'années, réduit, en Israël, à faire des boulots de manoeuvre : «Il m'a raconté que, malgré son éducation et tout ce que pouvaient lui apprendre les médias sur ce pays, Israël était resté pour lui, jusqu'à ce qu'il y immigre, la "Terre sainte" : la patrie forcément bienheureuse du peuple élu. C'est le cas pour beaucoup de gens, y compris en Occident.» Mais «la Jérusalem d'en bas est très différente de la Jérusalem d'en haut», comme va le découvrir James, un jeune et pi