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Libération

De quoi trembler à Berlin

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L'anxiogène «Feux rouges» de Cédric Kahn et l'effrayant «Monster» de Patty Jenkins.
publié le 11 février 2004 à 22h55

Berlin envoyé spécial

Adapté d'un roman peu connu de Simenon, Feux rouges est un film plutôt automobile, la majorité de son action se passant dans l'habitacle d'une Rover gris métallisé. Mais il faut peut-être ne pas avoir son permis de conduire pour l'apprécier pleinement. C'est-à-dire avoir vécu au moins une fois la vie de passager, assis à cette place du copilote plus connue sous le nom de place du mort. Crispation musculaire garantie puisque objectivement (statistiquement), l'accident rôde. Cédric Kahn nous met dans cet état de paranoïa raisonnable qui consiste à guetter le danger. La place du mort est celle du spectateur.

La carrure de Daroussin. Début juillet, au pire moment des transhumances grégaires, un couple de nantis parisiens prend la route pour aller récupérer leurs deux enfants présentement en colonie de vacances dans le sud de la France. En toute discrétion, des signaux s'allument qui sont tous d'alerte. Cet homme neutre (Jean-Pierre Daroussin) est cependant alcoolique. Il boit beaucoup trop avant de prendre le volant. Cette femme, la beauté même (Carole Bouquet), est pourtant agaçante à multiplier les occasions de retard (téléphone, douche, bagages). Quelques kilomètres d'autoroute plus tard, une dispute s'en suit. Sur un coup de volant en forme de coup de tête, ils quittent l'autoroute embouteillée pour un hypothétique itinéraire bis. Le film aussi qui devient départemental, quelque part dans le centre (Tours, Châtellerault). La femme plante le mari sur le pa