Thomas Langmann, fils de Claude Berri, produit le premier film français «validé par des chamanes» (dixit le dossier de presse). Une fantaisie née de la conjonction du réalisateur Jan Kounen et de Jean Giraud alias Moebius, dessinateur du personnage d'origine, qui s'est laissé librement transposer. Car ce Blueberry ne respecte en rien la commande à très gros budget. Ce n'est ni une adaptation de l'illustré nouvelle vague créé par Jean-Michel Charlier (jamais le nom de Blueberry n'est prononcé), ni un western jambon-beurre, mais une invraisemblable baba-coolerie dopée à la quête spirituelle où le cheminement du héros vers la maturité semble se superposer à celui du cinéaste.
Mutinerie. On ne retrouve rien ici de la hargne immature de Kounen, histrion élevé à la «culture» Starfix-Canal Plus, montrant dans son premier film, Dobermann, un de ses acteurs se torchant le cul avec les Cahiers du cinéma. Sept ans après, sa génération n'a plus besoin de gesticuler grossièrement pour s'affirmer, elle a pris le pouvoir, révisant les ambitions d'un cinéma hexagonal décidé à triompher enfin à l'export. De Samuel Hadida (producteur) à Christophe Gans (en préparation d'un Rahan déjà culte), en passant par Pitoff, parti à Hollywood pour un Catwoman qu'on espère moins tragique que son Vidocq, ou Kassovitz, le déploiement du spectacle français est en marche. Ironiquement, à en croire les déclarations de Vincent Cassel, Luc Besson, longtemps chef de file de ces néopirates du cinéma, doit aujourd'