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Entre fiction et autobiographie, l'actrice Isild Le Besco imagine en vidéo une étrange île aux enfants abandonnés.
publié le 11 février 2004 à 22h55

Présenté en janvier au festival Premiers plans d'Angers où il a d'ailleurs reçu un prix, Demi-tarif a déclenché une tempête d'hostilité, Isild Le Besco se faisant siffler sur scène. Pourquoi tant de haine ?

Pendant l'heure que dure ce moyen métrage tourné en vidéo, trois enfants livrés à eux-mêmes tentent de survivre à l'abandon parental. En voix off, Isild Le Besco parle de celle qu'on ne verra jamais, «elle», la mère indigne partie on ne sait où, laissant à sa progéniture les clefs de la maison et trois sous pour faire les courses. A aucun moment le pacte liant la jeune fille, son film et le public n'est clarifié. S'agit-il d'une expérimentation amusante de retour à la vie sauvage avec les marmots de quelques amis consentant à s'enduire de Nutella ? De l'évocation fictionnée d'un traumatisme autobiographique, l'abandon au long cours, la vie «sans famille» profondément déréglée ?

Pas d'explication. Le film prend les événements par le milieu et les laisse en route, rien n'est expliqué, trois enfants privés d'amour et de manger dérivent dans l'indifférence générale, volent, ne dorment plus, crèvent de froid quand EDF coupe le courant, se laissent recouvrir par la vermine et néanmoins font face aux rares interrogations ambiantes, un peu désolés, un peu rigolards. Ce que, sans le savoir, le public angevin sifflait, c'était d'avoir été pris à l'arraché dans une poisse dont personne n'aurait su dire si elle relevait d'un cri primal psychanalytique ou d'une provocation pure et simpl