Ceux qui se demandent de temps à autre à quoi tient la réussite d'un film n'ont souvent qu'une réponse : à un fil. Le cinéma n'est jamais qu'une pelote de péloche se déroulant devant nous, en équilibre instable. Quand un cinéaste casse volontairement ce fil, le tord, le rompt pour que plus rien ne soit relié à grand-chose, est-il possible que ce film soit réussi ? La réponse est oui, et la preuve est donnée par Marc Recha. Les Mains vides (son quatrième film) est peut-être moins éblouissant que l'Arbre aux cerises (son second), moins sensuel que Pau et son frère (son troisième), mais il est le plus sombre, celui où le Catalan, qui ne faisait déjà pas tant de concessions que ça, a décidé de ne plus rien lâcher au récit, ni même à la matière.
A hauteur d'oiseau. Il a ainsi jeté les sept moutures de son scénario au moment de tourner, réécrivant au fur et à mesure. Ne semble plus lui importer que la rencontre d'un morceau de temps et d'un bout de pellicule. Ce qui détermine désormais le cinéma de Recha, c'est l'endroit qu'il aura choisi pour placer sa caméra et y regarder vivre douze personnages en quête de fuite en avant. Douze hommes et femmes dont on ne sait rien a priori, qui ne tiennent ensemble qu'éphémèrement, et que la tramontane rapproche, pour un temps, en coup de vent.
Au centre, il y a la vieille, qui a connu la guerre civile et qui va bientôt crever ; puis Eric (Olivier Gourmet, prolongeant son rôle du Fils des frères Dardenne), qui répare un peu tout et surtout les m