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Libération

Au grand Buyens

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publié le 18 février 2004 à 23h10

C'est la lettre amicale et intime d'un vieux cinéaste dont on aimerait, pour une fois, partager un morceau. Il s'appelle Frans Buyens, il est belge et fêtera son 80e anniversaire cette semaine. Buyens n'étant pas le plus célèbre des filmeurs de sa génération, présentons-le brièvement : c'est un super bonhomme.

Il vit et travaille avec sa compagne, Lydia Chagoll, cinéaste elle aussi et écrivain parfois. Ensemble ou séparément mais toujours en complicité, ils ont produit une somme incroyable de travaux, documents, journaux, films, satires, livres, pièces. Modestes, vivant simplement, ils ont passé leur vie d'artistes et de cinéastes du côté des pauvres, exclus, opprimés, qu'ils ont filmés, décrits, aimés comme étant des leurs.

Docker, syndicaliste, «rouge» dès les origines, Buyens commence sa carrière de documentariste autodidacte à la fin des années 50. Sa rencontre avec Chagoll leur donne à chacun ce qui fera leur force : l'union des luttes générales filmées par Frans et des luttes intimes sur lesquelles Lydia concentrera son oeuvre (elle a notamment publié le bouleversant témoignage de sa déportation dans un camp japonais). Dans ce qui restera peut-être comme son plus beau film, Moins morte que les autres (1992), Frans Buyens accompagnait jusqu'aux extrêmes limites humaines de la compassion et du détachement la mort de sa propre mère cancéreuse.

L'oeuvre touffue de Chagoll et/ou Buyens, c'est tout notre XXe siècle : la politique, l'antifascisme, l'antiracisme, l'antimilitarism