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Libération

Bergmania

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publié le 25 février 2004 à 23h24

à Stockholm

«De l'icône érotique au chef de clan», telle est l'image qu'ont les Suédois de leur cinéaste emblématique, Ingmar Bergman. Maaret Koskinen, chercheuse spécialiste du maître, s'est amusée à suivre à travers les médias suédois soixante ans de feuilleton Bergman. «En dehors de Suède, écrit-elle, il est associé à une culture distinguée pour ne pas dire élitiste. Cela étonne quand on sait qu'en Suède il a joué un rôle opposé, associé à une culture populaire, avec une fixation sur sa personne et un statut de star.» Et de passer en revue les sommes de reportages consacrés au Bergman privé dès la fin des années 50. Timide au départ ­ le mariage intime de Bergman avec Käbi Laretei ­, la curiosité vire à l'industrie journalistique à mesure qu'explose sa notoriété. Très vite, Bergman fut catalogué homme à femmes. Quand «ses» actrices ou collaboratrices étaient interviewées, les questions dérapaient tout aussi rapidement que sûrement sur l'homme Bergman et sa vie privée.

Années 60 et naissance du concept des «femmes de Bergman». Les titres s'enchaînent, avec photos des conquêtes et épouses dûment numérotées. «Bergman, comment peux-tu séduire ainsi ?», «Quel est son secret ?»... On s'épanche sur sa «chaude sensualité». «C'est une icône érotique», note Maaret Koskinen. Chouchou des rédactrices des magazines féminins, Bergman fascine aussi la presse tabloïd. Maaret Koskinen se demande s'ils n'ont pas ainsi vécu leurs fantasmes érotiques à travers Bergman.

Années 80, changement de