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Libération
Interview

Catherine Deneuve «Une très haute idée de ça»

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Catherine Deneuve, à propos du film de Benoît Jacquot, parle de son rapport à la sexualité:
publié le 4 mars 2004 à 23h34

Après les lourds costumes d'époque de Marie Bonaparte, Catherine Deneuve en «civil» (jupe pied-de-poule, petites lunettes fumées) paraît menue et légère, manifestement dopée par cette aventure dans laquelle elle s’est passionnément investie. Entretien enlevé avec une actrice au top de sa confiance en elle.

Marie Bonaparte parle crûment de sexualité, était-ce difficile pour vous ?

La représentation de la sexualité est une chose qui me déçoit toujours parce que je me fais une très haute idée de ça. En revanche, parler de sexualité, de frigidité, dire des choses crues, ça ne me gêne pas parce que ce n’est pas le désir qu’on fait passer là. On est dans les mots qui expliquent les choses. Quand on montre les scènes d’amour, les choses, on est dans une imitation. Je trouve souvent que la chair est triste même si elle est belle au cinéma. La sexualité, c’est une chose physique, ce n’est pas une chose d’image.

On parle beaucoup du tout-image pornographique...

La pornographie ne me dérange pas. Là au moins, on essaye de retrouver, de redonner la sensation de la sexualité. Ce qui me gêne, ce sont plutôt les scènes d’amour dites érotiques, les scènes de baiser qui sont très éloignées de la sensation. J’ai rarement trouvé érotiques les films avec des scènes dénudées. Les acteurs nus, ça me gêne : je ne vois plus des acteurs, je vois des êtres fragiles, je vois une intimité qui n’est pas, pour moi, la présence de l’acteur. En revanche, j’ai vu des scènes d’amour «habillées» : je trouve que la Marquise d’O, de Rohmer est un film très érotique. C’est très cérébral, l'érotisme.

Pourquoi Marie Bonaparte et pas une femme d’aujourd’hui pour parler de psychanalyse ?

Parce qu’on parlait de l’histoire de F