Némo mue. Le festival du cinéma indépendant vire au 100 % expérimental, remplissant un vide béant dans le paysage cinématographique français, aveugle aux bouleversements et mutations de l'image. De la DV (digital video) aux images de synthèse, de l'animation aux plus récentes «machinima» ces séquences 3D tournées à partir des moteurs de jeu vidéo , du Net-art au clip, Némo s'appuie sur la formule de Gilles Alvarez, son directeur artistique : «La continuation du cinéma par d'autres moyens.»
Tête de pont. Aucun autre festival n'a aussi radicalement transformé sa programmation. Annecy a tenté une incursion sur l'Internet, prenant la mesure du boom des autoproductions en Flash et logiciels infographiques. Clermont-Ferrand a lancé cette année une section Labo, appauvrissant du même coup sa compétition des productions les plus créatives, et s'exposant à la décision du jury, présidé par Mathieu Amalric, de ne pas couronner la sélection française, médiocre ou trop conventionnelle. Cannes, la Mecque parfois chahutée du «grand» cinéma, n'a toujours pas bougé en direction d'une création débridée sauf à considérer les opérations promo de PlayStation comme une ouverture...
Sans attendre «la» manifestation qui fédérerait ces pratiques, les soirées d'art vidéo, les microfestivals de nouvelles images et les performances Cinémix où des VJ (l'alter ego image des DJ) viennent remixer les bijoux lettristes ou sampler Nosferatu se sont multipliés en France , rencontrant un public élargi.