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Libération

«L'Effet Papillon»

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par BAYON
publié le 10 mars 2004 à 23h40

Les dernières images «projetées» sont un régal, comme les premières. D'un bout à l'autre, le procédé mobilisé pour voyager dans l'espace-temps de l'épatant Effet papillon est enfantin. C'est bien de quoi il s'agit. Dans une ville de rêve américain à la Blue Velvet, des enfants jouent et rien ne sera plus jamais pareil. Comment, pourquoi ?

«Rien qu'un instant du passé ? Beaucoup plus peut-être...», suggère l'alchimie proustienne. L'Effet papillon est, de fait, une histoire écrite ­ d'écrit. Le mot y est métaphysique, l'écriture voie privilégiée de la «mémoire involontaire» ­ chère à George du Maurier, Nerval, Verlaine, Roussel, K. Dick...

Digne de ce dernier, célébré ici la semaine passée via Paycheck, l'Effet papillon, autrement appelé «théorie du chaos» (battement d'aile au Tibet, cyclone en Jordanie), est une réalisation aussi captivante que les méconnus The Cell ou Memento voisins. En un clin d'oeil, le film voit aussi Seven à travers l'oeil d'un mineur cinéphile entré par effraction.

Un moment, d'ailleurs, on peut craindre qu'un refoulé incestuo-pédérastique des familles ne solde moralement l'aventure. Mais, fausse alerte. C'est à la fois plus simple et compliqué. Ce qu'on peut révéler sans déflorer le Papillon (si l'on peut dire) est que le grand secret est l'amour, qui triomphera. Porte ouverte, et sabotage ? Il faut voir.

A sa manière, cette bizarrerie filmique, qui eût pu n'être qu'un capharnaüm à la Dreamcatcher, imbrique magistralement les «genres» pop-corn suivants :