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Libération
Critique

Le Réel à l'épreuve

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Panorama très politique des documentaires de l'année et polémique autour de «Route 181», partiellement déprogrammé.
publié le 10 mars 2004 à 23h40

«Si je n'envisageais pas, comme il est probable, de partir l'année prochaine, j'aurais déjà démissionné !» Suzette Glenadel est furieuse. Pour sa vingt-sixième édition du Cinéma du réel, il lui est arrivé «l'impensable», comme le dit la déléguée générale d'un des plus remarquables festivals de documentaires : la déprogrammation par le directeur du Centre Pompidou de l'une des deux séances, dimanche prochain, du film d'Eyal Sivan et Michel Khleifi, Route 181, fragments d'un voyage en Palestine-Israël. Et cela, pour des «raisons de sécurité», suite à la pression de quelques personnalités jugeant le film «antisémite» (Libération des 6 et 8 mars, lire aussi encadré). Le film, qui a déjà été diffusé par Arte en novembre, n'est pourtant que l'un de ces documentaires emblématiques de l'esprit du Réel (1).

Inquiétudes. Outre un coup de projecteur sur la production argentine, l'équipe du Réel a sélectionné cette année une centaine de documentaires qui concourent pour deux compétitions, française et internationale. Des films sensibles, et de plus en plus, à la politique et au social, à l'état du monde. Mais qui se démarquent de l'écriture journalistique, de l'image-choc ou du reportage télé. Bref, des documentaires dits «d'auteur». Au prix, souvent, d'une production minimale, voire d'une autoproduction. Les chaînes de télévision ne pouvant donner que ce qu'elles ont : des grilles ­ de lecture du monde ­ souvent toutes faites.

Les exemples ne manquent pas de films témoins de la barbarie