Lucky McKee (Ed pour les intimes !) voudrait nous être sympathique qu'il ne s'y prendrait pas autrement. Son CV ne stipule qu'un passage par l'université de Caroline du Sud et quelques bouts clandestins de pellicules aux intitulés certifiés série Z, rayon boucherie (Evil Demon Golfball From Hell !, All Cheerleaders Die). Mais le garçon glisse aussi les noms de Truffaut, Cronenberg ou James Whale dans son panthéon ; et, lorsque son héros masculin, forcément cinéphile, décide de se faire une toile, c'est sur Dario Argento qu'il jette son dévolu.
Ceci posé, May ne saurait être un film d'horreur de plus. Plutôt, un peu plus qu'un film d'horreur : une plongée à la verticale dans le tréfonds de l'aliénation, soutenue par un style économe et tracassé, ne cédant qu'en dernier recours aux fastidieuses conventions du genre ; ainsi qu'une interprétation ad hoc, balayée par la quasi inconnue Angela Bettis, qui, partie comme elle est, devrait refaire parler d'elle.
Lignée «Carrie». Vilain canard d'une Amérique hypocrite qui tance le téton de Janet J. pour mieux occulter les montagnes de cadavres que débitent ses chaînes de télé, le personnage-titre apparaît vite comme la petite soeur de Carrie. Une boule de violence intériorisée qui, à force de souffrir du rejet, décide un jour de faire le tri. A sa manière... Subtilement asociale, May aimerait qu'on l'aime. Mais s'y prend si mal que l'angoisse, inscrite d'entrée, n'aura de cesse de croître, d'abord sourde, puis éruptive. Tout ça, pour une