De la femme qui, dans Téhéran, deux heures moins le quart avant le jour, attend à la porte d'un préau encore vide, il est peu de dire qu'elle est en avance : elle appartient à cette minorité d'Iraniennes qui ont arraché à leur mari, à leur famille, l'autorisation de passer un examen d'entrée à l'université. Même s'il s'intitule l'Examen, le premier long métrage de Nasser Refaie ne filmera jamais cette épreuve : il reste dans la cour, à saisir au fur et à mesure que les candidates affluent, l'anarchie bienheureuse, le chahut plein d'espoir et la tension permanente de celles qui jouent là le poids symbolique de toutes les femmes en Iran. Sur ce parvis, l'examen a déjà commencé.
Arriver en avance, c'est la belle idée du film. En avance, on croise des centaines de façons d'être en amont de son époque. Dans la cour d'école de l'Examen, il y a les anxieuses (il y a encore du boulot), celles qui sont venues à plusieurs pour rire entre elles (un trio de nanas déconneuses exceptionnelles), quelques opportunistes (le mari faussement ouvert), des gens sans horloge fixe (la mendiante, le garde timide qui n'aime pas travailler à la ferme), des cons (en pagaille, tous mâles), des attardés (forcément), et même une ou deux espionnes (infiltrées). Peu de gens là par hasard.
Au festival de Fajr à Téhéran, où il a été montré, le film a reçu le prix spécial du jury. Avant, Refaie avait signé des courts à mi-chemin entre fiction et documentaire. Est-ce cette atmosphère de classe vive, d'enfance re