Après plusieurs courts remarqués (Visite du soir, espoir, Qui t'es toi?, Elle grandit si vite) et des mises en scène au théâtre (actuellement à la Commune avec la Religieuse de Diderot), Anne Théron poursuit son chemin aux lisières du fantastique et du portrait border line. Ce qu'ils imaginent porte bien son titre puisque le film, afféteries assumées et ambition déclarée, tente de peindre les figures croisées sur une toile mentale, sans cesse ambivalente et mouvante, entre traumatisme et rêve, dérive et échappée mélancolique. Juliette (Marie Trintignant dans son dernier rôle) tout d'un coup disparaît, abandonnant un mari qui, face à elle, lors d'une banale conversation de début de repas, s'étouffe avec un oeuf. Elle se retrouve au Havre, par hasard, tente de prendre un bateau pour l'Afrique, s'installe dans un petit hôtel, tombe amoureuse d'un jeune homme, veut refaire sa vie. Et ne veut pas : elle ne désire rien d'autre qu'attendre, oublier, marcher, servir au bar, regarder le monde d'une autre manière, désintéressée et détachée. Comme en partance. Un jour elle partira, on ne sait où, et son mari (Marc Barbé, sombre), sur ses traces, remontera la filière de cette fuite et de ces rencontres. Jusqu'au néant.
Rien n'est linéaire dans Ce qu'ils imaginent, tout passe par les sentiments que les uns éprouvent envers les autres, qui déterminent l'atmosphère, les couleurs, la sonorité, la vitesse même du plan. L'ambition d'Anne Théron voudrait relever ce défi : la mosaïque des destin