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POUR MÉMOIRE

«Les mots sont plus importants que les idées»

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Eric Rohmer, 84 ans, détaille son rapport à l'écriture, à la mise en scènes et à l'espionnage.
publié le 17 mars 2004 à 23h47
(mis à jour le 11 janvier 2010 à 19h01)
[Cet article a été publié le 17 mars 2004 dans Libération]

En route, plein d'entrain, pour un rendez-vous de février avec Eric Rohmer, nous voilà nous trompant d'immeuble, puis d'étage. De ce fait, dans un état propice pour parler d'un film où toutes les portes semblent dérobées. Eric Rohmer, tout de dandysme vestimentaire (velours et tweed), avant que ne commence l'entretien, fait ce pourquoi on le rencontre : de la mise en scène. Il nous place dans son bureau en fonction de la lumière naturelle pour, dit-il, éviter le contre-jour sur nos visages et distinguer nos questions.

Triple Agent commence en 1936. Est-ce un film d'époque et de jeunesse ? Vous aviez 16 ans en 1936...

J'ai des souvenirs politiques en effet. Bien que vivant en province, je me souviens de discussions avec des camarades, de manifestations. Et puis en 1937, j'étais pensionnaire au lycée Henri-IV à Paris où ce genre de débat s'est poursuivi : qui était de droite, qui était de gauche ?

Quel temps faisait-il à l'été 1936 ?

J'aurais pu le savoir ou m'en souvenir, mais le temps qu'il fait ne joue pas de rôle dans ce film. Il n'y a pas de nature. La campagne n'existe pas, sauf peut-être à travers les vitres d'une maison. Au début, j'avais l'intention de faire ce film à la manière de l'Anglaise et le Duc, en utilisant le procédé de l'incrustation. Non sur fond de peintures, car l'époque n'était plus celle de la peinture réaliste, mais celle de la photographie et du cinéma. Toutefois, voulant incruster les personnages dans des bandes d'actua