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Libération
Critique

Poétique Corée

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Prix et louanges à «A Good Lawyer's Wife» d'Im Sang-soo.
publié le 17 mars 2004 à 23h47

Deauville envoyé spécial

Le jury de la compétition officielle du sixième Festival du film asiatique de Deauville, présidé par Olivier Assayas, a rendu un verdict exemplaire. Il a attribué son grand prix au film superbe du Coréen Im Sang-soo, A Good Lawyer's Wife, certainement le plus beau de la compétition, d'une poésie moderne mélancolique et pourtant époustouflante de vitalité, qui fait tenir ensemble le charnel et l'élégiaque (des scènes de baise d'une intensité presque épique ; un meurtre d'enfant d'une sécheresse terrible et folle) sans jamais perdre le contact avec la vérité intense, terrestre, de ses personnages. Un couple jeune, beau mais vaquant, leur enfant merveilleux, sa mamie enfin veuve, un ado en pleine sève qui reluque la ménagère délaissée, une inoubliable demi-mondaine existentielle... La mise en scène, délicate et magnétique, guide cette petite humanité de lointains Coréens vers nous, en fait nos semblables, et nous pousse tous ensemble vers une tendre émancipation. Les périls sont compris, mais l'espoir est en vue. Il nous fait tous vivre.

Ce même jury a ensuite distingué d'un prix spécial du jury le film 15 du jeune Singapourien Royston Tan et il n'a fait là encore que son devoir avec finesse : très attachante virée en territoire ado des antipodes, 15 est un premier film d'une jeunesse à la fois éclatante et déjà lacérée, où la vie quotidienne et intime d'un groupe de jeunes branleurs de Singapour, leurs trafics minables, leur petit cirque grunge, leur sol