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Interview

«J'étais sûr que je ne serais pas concurrencé par mes frères»

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publié le 24 mars 2004 à 23h54

A Paris pour la sortie de son livre, Manny Farber, 86 ans, fluet et crinière blanche, évoque, aux côtés de sa femme et collaboratrice Patricia Patterson, la soixantaine pleine d'allant, une vie de mordu de cinéma.

Comment vous est venue l'envie d'écrire sur le cinéma ?

Manny Farber : Mes parents aimaient le cinéma et nous encourageaient, mes frères et moi, à y aller. Nous vivions à Douglas, au fond de l'Arizona, où mon père, un ancien élève rabbin en Russie, avait fini par entraîner sa famille. Il n'y avait pas beaucoup de loisirs. Nous lisions beaucoup, j'étais un rat de bibliothèque, et nous allions voir des films dans les deux salles de notre petite ville. Ma mère était abonnée au magazine New Republic et j'y dévorais les articles des critiques Otis Ferguson et Stark Young. Je m'en imprégnais. J'ai très vite associé le cinéma et l'écriture. Et puis il y avait mes deux frères. Ils étaient des élèves doués pour tout. Très bons musiciens classiques, l'un jouait du piano et l'autre du violon. Tous deux sont devenus psychiatres après des brillantes études. Pour me distinguer, j'ai commencé par jouer du saxo et du jazz, par peindre et dessiner. Et je me suis dit qu'écrire sur le cinéma, ce ne serait pas mal. J'étais sûr que je ne serais pas concurrencé par mes frères.

Patricia Patterson : Manny a une aptitude rare à tout transformer en écriture. A l'école, il écrivait des bandes dessinées, des articles sur le sport. Moi, j'ai habité longtemps la campagne en Irlande. Le cinéma ne f