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Libération

«L'Exorciste» sans voix

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Actrice chez Ray et Welles, Mercedes McCambridge vient de mourir à 97 ans.
publié le 24 mars 2004 à 23h54

Los Angeles, correspondance.

«Vous remportez un oscar pour votre premier rôle au cinéma, les gens s'attendent à vous voir continuer de gagner et de jouer dans plein de films, mais qui a dit qu'il devait en être ainsi ? J'étais pourtant disponible pour le cinéma. Personne ne s'est bousculé pour louer mes services. Et alors ? Il y a d'autres choses dans la vie.» Ainsi s'exprimait, dans le Boston Globe, en 1991, Mercedes McCambridge, qui s'est éteinte à 97 ans au début du mois dans une maison de retraite de La Jolla (Californie). Comme elle ne laisse aucune famille derrière elle, la nouvelle de sa mort nous est parvenue tardivement.

Tronçonneuse. C'est pourtant la dernière personne qu'on imaginerait philosophe. Dès son premier rôle, donc, dans les Fous du roi (Rossen, 1949), dirigeant la campagne du politicien populiste inspiré par le gouverneur de la Louisiane P. Huey Long, elle attaquait ses répliques avec l'énergie et le mordant d'une tronçonneuse. Et elle n'a guère baissé de régime ensuite, même si ses apparitions au cinéma ont toujours été plus mémorables que nombreuses : elle en décousait au revolver avec Crawford dans Johnny Guitar (Ray, 1954), elle était la soeur possessive de Rock Hudson dans Géant (Stevens, 1957), la lesbienne en cuir, chef de gang mexicain, qui terrorisait Janet Leigh dans le motel de la Soif du mal (Welles, 1958), et la mère d'Elizabeth Taylor dans Soudain l'été dernier (Mankiewicz, 1959). Ironiquement, elle jouera Martha au théâtre dans Qui a peur de